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Caroline Ulrich: "Cette première victoire ne signifie pas que tout est acquis"

[INTERVIEW] À seulement 21 ans, Caroline Ulrich a signé samedi dernier son premier podium et sa première victoire chez les élites en Coupe du monde. La Vaudoise a remporté le Sprint, première épreuve de la saison 2023/24. Retour sur cette victoire bien méritée.

SkiMo: Caroline Ulrich, vous étiez déjà bien habituée à jouer les avant-postes dans les catégories plus jeunes, qu’est-ce que ça fait de gagner chez les élites ?

C.U.: Ça fait bizarre! J’espérais faire cela un jour, mais je ne pensais pas y arriver si vite. Cette année, j’espérais conforter ma place en finale de sprint et chercher un podium, mais déjà remporter la première course, je ne m'y attendais pas du tout.

SkiMo: Vous avez l’air surprise, comment avez-vous fait pour remporter cette médaille ? 

C.U.: Honnêtement, je ne sais pas! Je me suis bien entraînée cet été et je n’ai pas eu de soucis lors de ma préparation. J’ai l’impression de ne pas avoir beaucoup mis les skis, du coup, je n’avais pas beaucoup d’attente. C’était un jour qui me convenait, tout comme le parcours: un long sprint avec un long portage. C’est là que j’ai gagné du temps. Les conditions n’étaient pas trop chaudes, il faisait plutôt froid, et la petite couche de neige ne m’a pas trop dérangée. Ensuite, la favorite Emily Harrop a eu des soucis en demi-finale. Donc en donnant tout dans la finale, j’ai réussi à terminer devant.

SkiMo: Se battre en finale contre des spécialistes de la discipline, ça met la pression. Comment l’avez-vous gérée ?

C.U.: C’était impressionnant! J'ai déjà couru régulièrement à côté d'elles, mais jamais en finale. J’étais tendue. En discutant avec Marianne Fatton entre les manches, je me disais déjà qu’il faudrai aller vite en quart de finale pour pouvoir aller plus loin. Puis, c’est passé et en demi-finale aussi. J’ai toujours terminé dans les deux premières sans devoir passer par les Lucky Looser, ça aide. Et en finale, comme d’autres filles ont eu des soucis techniques, je me suis dites: “Cette chance, tu la prends, allez encore une fois à fond!” J’avais confiance de pouvoir faire quelque chose, sachant qu’Emily n’était pas en finale. Je pensais viser le podium et puis quand j’ai vu que j’étais devant au sommet du portage, je n’avais plus qu’à serrer les dents. Et puis à la descente, j’ai eu un déséquilibre et perdu un bâton, j’espérais avoir assez d’avance pour la partie de glisse et ne pas me faire rattraper. C’était sensationnel de gagner, après ces soucis techniques.

SkiMo: Comment s’est passée votre préparation de cet été? Qu’avez-vous mis en place ?

C.U.: Depuis août 2022, j’ai un nouveau coach, Mike Aigroz. Puis ce printemps, j’ai commencé l’école de recrue. Cela m’a permis de débuter l'entraînement plus tôt et d’avoir quelque chose de plus structuré durant la période estivale avec de plus grosses semaines d'entraînement qu'auparavant. Avec Mike Aigroz, on construit mon planning par rapport aux objectifs et apparemment, cela a bien fonctionné. De plus, je pense que le camp d'entraînement avec l’équipe suisse à Diavolezza y est pour quelque chose. Nous avons dormi une semaine au-dessus de 3’000 mètres. Maintenant, il reste beaucoup de travail, parce que je sais que cette première victoire ne signifie pas que tout est acquis. Je dois améliorer ma technique sur le Sprint, assurer les changements et ne plus faire d’erreur. Et puis du côté moteur, je dois essayer d’aller plus vite et résister à haute intensité.

SkiMo: Quels sont vos prochains objectifs ?

C.U.: Les prochains gros objectifs, ce sont les championnats d’Europe en janvier. Mais avant, il y aura des courses de sélections en fin d’année et puis la fameuse nocturne de la Foilleuse à Morgins. Pour la Coupe du monde, j’ai décidé de ne pas participer à toutes les compétitions. L’année dernière, je me suis rendue compte que si je faisais toutes les courses, je ne pouvais pas construire de vrais blocs d'entraînement. En plus, j’aurai mes examens à passer et, avec des compétitions tous les week-ends, ce n’est pas possible. Le but est d’arriver en forme pour la Coupe du monde de Villars-sur-Ollon.

SkiMo: Est-ce que la victoire de ce week-end vous met la pression pour la suite ?

C.U.: Pour le moment, je n’ai pas encore de pression, mais c’est quelque chose qui m’a inquiétée dès le début. Je pense que je me suis vite rendue compte que c’était génial d’avoir gagné une fois, mais je sais que ce ne sera pas forcément le cas la prochaine fois. Mais lorsque je porterai le dossard numéro 1, ce sera certainement stressant et je prendrai cela comme une motivation.

SkiMo: Beaucoup d’athlètes pensent que cette première étape de Coupe du monde a eu lieu trop tôt dans le calendrier, qu’en dites-vous ? 

C.U.: Je pense aussi que c’est trop tôt. À Val Thorens, il y avait assez de neige. Mais pour être prêt pour ces courses, on doit aller chercher la neige sur les glaciers. Certains vont même s'entraîner dans des halles de ski et ce n’est pas forcément bien. Il faudrait faire quelque chose de plus adapté aux hivers actuels. En plus, je me rends compte depuis 2 ans qu'avec un début de saison aussi tôt, je n’arrive pas à me motiver à mettre les skis aussi vite.

 

SkiMo

Photos: ISMF

 

Fiche personnelle de Caroline Ulrich

Âge: 21 ans

Origine : La Tour-de-Peilz (VD)

Dans l'équipe de Suisse depuis 2017

Profession : étudiante, Bachelor en Biologie

Sports : ski alpinisme, trail, vtt, vélo de route

Meilleurs résultats:

  • 2 médailles d’or (relais mixte et indiv) aux Jeux Olympiques de la jeunesse en 2020
  • Vainqueur de la PDG Arolla-Zermatt en 2022
  • 2 fois championne U23 (sprint et individuel)

Sponsors:Les Paccots - La Veveyse, La Caisse d’Epargne, Atomic, Atk, Scarpa, Leki